Suivi médical des salariés : ce qui change depuis le 1er octobre 2025
Depuis le 1er octobre 2025, le décret n° 2025-355 du 18 avril 2025, complété par l'arrêté du 26 septembre 2025, modifie en profondeur les règles applicables au suivi médical des salariés exposés à certains risques, notamment ceux ayant une habilitation électrique ou une autorisation de conduite d’équipements.
Voici un tour d’horizon clair des changements à connaître.
Ce qui était en place avant le 1er octobre 2025
Jusqu’au 30 septembre 2025, la réglementation distinguait plusieurs niveaux de suivi médical en fonction du poste et des risques auxquels le salarié était exposé :
- Le suivi normal concernait la majorité des salariés. Il comprenait une visite d’information et de prévention (VIP) à l’embauche, puis une visite de renouvellement tous les 5 ans.
- Le suivi adapté s’appliquait aux salariés en situation particulière avec un rythme de visites ajusté selon le contexte :
- Dans les 3 mois suivants la prise effective du poste pour les travailleurs handicapés, titulaires d’une pension d’invalidité ou pour les femmes enceintes, allaitant ou venant d’accoucher
- Préalablement à la prise de poste pour les moins de 18 ans, les personnes exposées à des agents biologiques de groupe 2 ou à des champs électromagnétiques dont les valeurs sont supérieures ou valeurs limites d’exposition professionnelles (VLEP), ou travailleurs de nuit
- Le suivi individuel renforcé (SIR), destiné aux salariés exposés à des risques particuliers : amiante / plomb / agents CMR, agents biologiques des groupes 3 et 4, rayonnements ionisants, risque hyperbare, travaux en hauteur, etc. Ce suivi imposait :
- Une visite d’aptitude réalisée par le médecin du travail avant l’affectation
- Une visite périodique tous les 4 ans, avec parfois une visite intermédiaire à 2 ans
- Et un avis d’aptitude, à conserver dans le dossier du salarié.
Cas particulier : autorisation de conduite et habilitation électrique
Les salariés affectés à des postes nécessitant une habilitation électrique (travaux sous tension ou à proximité), ou une autorisation de conduite d’équipements (chariots élévateurs, nacelles, grues, etc.) étaient généralement classés “à risque particulier” et donc soumis au SIR, par précaution.
Ce qui change depuis le 1er octobre 2025
Le décret du 18 avril 2025 et l’arrêté du 26 septembre 2025 viennent réduire le recours au suivi renforcé dans certains cas précis. L’objectif initial était de réserver le SIR aux salariés réellement exposés à des risques graves et de simplifier le suivi médical de certains postes techniques.
Les salariés n’ont plus à passer de SIR s’ils sont :
- titulaires d’une habilitation électrique dans certains domaines d’intervention
- ou affectés à la conduite de certains engins
Attention : cette simplification ne s’applique que si ces postes ne cumulent pas d’autres expositions à risques particuliers (produits chimiques, amiante, etc.).
Ce qui remplace le suivi renforcé : une attestation médicale
À la place du SIR, les salariés concernés devront désormais obtenir une attestation de non contre-indication médicale, valable pour 5 ans. Celle-ci sera délivrée uniquement par le médecin du travail (non déléguable), sur la base d’un examen médical, lors de l’embauche ou lors d’un renouvellement.
Attestation délivrée pour de la conduite d'engins
Celle-ci n'est valable que pour les engins suivants :
- grues à tour, mobiles et auxiliaires de chargement (CACES R490, R483, R487)
- chariots automoteurs de manutention à conducteur porté (CACES R489)
- platesformes élévatrices mobiles de personne (CACES R486)
- engins de chantier télécommandés ou à conducteur porté - à l’exclusion des tracteurs agricoles et forestiers pour le régime agricole (CACES R482)
Cette liste est formalisée en note de l'annexe décrivant le format de l'attestation de non-contre-indication à la conduite. Elle semble exclure la conduite d'engins à conducteurs accompagnant (CACES R485) et la conduite de ponts roulants (CACES R484).
Ces deux CACES nécessiteraient donc le maintien d'un suivi renforcé (SIR) valable 2 ans et non une attestation de non contre-indication. Cette situation semble donc compliquer la mise en application de cette évolution réglementaire et fait toujours l'objet de discussion avec la DGT.
Attestation délivrée pour les postes nécessitant une habilitation électrique
Celle-ci est valable pour :
- les travaux d’ordre électrique au voisinage simple ou renforcé de pièces nues sous tension (H0B0, B1V, B2V)
- les interventions de courte durée au voisinage de pièces nues sous tension
Les activités de consignations, essais, mesurages, manœuvres ou opération sur les installations photovoltaïques (habilitations BE, HE, BR, BC, HC, BP) doivent toujours faire l'objet d'un SIR valable 2ans.
Les SIR délivrés avant le 1er octobre 2025 pour les activités concernées par la délivrance de l'attestation de non contre-indication médicale, sont valables 5 ans à partir de la date de délivrance par le médecin du travail.
Par exemple :
- Un intérimaire échafaudeur ayant une aptitude médicale (SIR) délivrée en février 2024 pour les métiers de conduite de nacelle, montage et démontage d'échafaudage, et manutentionnaire, pourra être habilité pour une durée de 5 ans (février 2029) pour la conduite de nacelle, mais devra revoir le médecin pour renouveler son aptitude médicale pour le montage et démontage d'échafaudage avant février 2026.
- Un intérimaire cariste ayant une aptitude médicale (SIR) délivrée en décembre 2023 pour cariste, préparateur de commande, agent de quai pourra être habilité CACES R489 Cat 3 jusqu'en décembre 2028, mais devra revoir un professionnel de santé dans le cadre du renouvellement de sa VIP avant décembre 2025.
L'attestation de non contre-indication médical est un document supplémentaire qu'il va falloir gérer en parallèle des SIR et VIP des salariés.
Cet arrêté du 26 septembre 2025 semble donc complexifier le suivi médical des salariés et nécessite par ailleurs de déployer de nouvelles organisations au sein des entreprises et des centres de santé pour permettre sa mise en application.